lundi 4 mars 2013

IMPORTANCE DES PROTECTIONS ET AUTOMATISMES DU RESEAU DE TRANSPORT DANS LA FOURNITURE D’ENERGIE


Dans une centrale de production, les protections ont pour but d’éviter la détérioration des alternateurs ou transformateurs en cas de fonctionnement dans de mauvaises conditions, dues à des défaillances internes, tels que défauts d’isolement ou panne de régulation. Sur des matériels bien conçus, bien fabriqués, bien installés, bien entretenus et bien exploités elles n’ont à fonctionner qu’exceptionnellement, et leur défaillance peut passer inaperçue. De plus, si une protection est défaillante lors d’un incident, les dommages causés à l’alternateur ou au transformateur peuvent avoir des conséquences  financières importantes, mais qui restent internes à la compagnie de production d’électricité: perte de production, qui doit être compensée par des moyens de production moins économiques, et réparation de l’appareil endommagé.
Sur un réseau de transport, le problème se pose de manière totalement différente:
D’abord, une ligne aérienne, qui passe sur le domaine public, est périodiquement sujette à des courts-circuits, dus aux coups de foudre, aux arbres mal élagués, grues et engins de grande hauteur travaillant au voisinage, vent, pollution... Une bonne conception de la ligne peut les minimiser, mais pas les éliminer. Sur le réseau de transport d’EDF, nous observons en moyenne 7 défauts par an et par 100 km.
Ensuite, une ligne qui chauffe s’allonge, et son point bas, en milieu de portée, s’abaisse. Elle devient dangereuse pour les tiers. Les conséquences peuvent alors se chiffrer, non plus en millions de francs, mais en nombre de vies humaines. Et c’est pourquoi les systèmes de protection comportent des dispositifs de secours qui, en cas de mauvais fonctionnement des équipements devant intervenir pour un défaut donné, assurent la mise hors tension de l’ouvrage défectueux, quelles qu’en soient les conséquences pour l’alimentation électrique de la région.
Un fonctionnement défectueux d’une protection peut donc avoir pour conséquence la coupure d’un ou plusieurs clients, voire même d’une ville entière, prioritaires compris. Or, lorsqu’un client industriel de 10 MW est coupé pendant 6 minutes, par exemple, cela ne correspond pas seulement à 1 MWh d’énergie non vendue pendant cette coupure, mais aussi à l’énergie non vendue pendant les quelques heures que le client mettra à repartir. Mais cela correspond surtout à un client mécontent, qui aura perdu plusieurs heures de sa production, et qui aura peut-être subi des détériorations de matériel. S’il s’agit d’une ville entière, EDF devra rendre des comptes, en tant que service public, aux autorités locales, voire même nationales.
Enfin, les protections contre les situations anormales de réseau jouent un rôle primordial dans la prévention des effondrements de réseau, et c’est sur elles, autant que sur les régulations de groupes de production et les téléréglages de ces groupes, qu’a porté tout l’effort des responsables de la conduite des réseaux lorsque la leçon a été tirée de la panne du 19 Décembre 1978.     
Ces différentes considérations montrent que l’activité « protections et automatismes » du réseau de transport est, à EDF comme dans toute société de distribution d’électricité, une activité  stratégique, qui conditionne la  légitimité de cette société vis-à-vis de la communauté, nation, région, ville, qu’elle dessert.
(allocution que j’ai prononcée le 30 Octobre 1993, à l’intention de MM Ghislain Weisrock et Marcel Bénard, qui avaient alors la responsabilité du Contrôle Electrique pour la région Est de la France. J’avais alors tenter, vainement,  de leur en faire comprendre l’utilité)

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