samedi 15 juin 2013

Prévention des accidents électriques


Généralités
sur le risque électrique
1.1 Légende et histoire
du risque électrique
Les historiens de la science se réfèrent avec complaisance aux
textes bibliques et aux témoignages anciens. L’histoire de l’électricité
n’a pas échappé à leurs investigations, et plus particulièrement le
risque électrique.
On a trouvé dans les textes bibliques une référence inattendue :
l’arche d’alliance aurait été la première machine électrique. Soumise
aux champs électriques qui, dans la zone désertique, peuvent
atteindre plusieurs centaines de volts par mètre à 2 m du sol, son
armature métallique pouvait se charger à un potentiel dangereux,
et foudroyer les impies, tout en restant sans danger pour les prêtres
enfermés dans leur cage de Faraday constituée de fils d’or tissés
dans leurs vêtements. L’arche était équipée d’anneaux d’or aux
quatre angles dans lesquels coulissaient des bâtons de bois d’acacia
recouverts d’or, réalisant ainsi la première mise à la terre.
L’électricité, sous la forme de ses manifestations atmosphériques
a été longtemps considérée comme l’esprit du mal, l’effet de la colère
des dieux. L’histoire abonde des tentatives tragiques de nombreux
chercheurs et même, parmi eux, deux rois qui imaginèrent des systèmes
de protection contre la foudre. Au Xe siècle, le savant Gerbert,
plus connu sous le nom de pape Sylvestre II, jalonnait le sol de
perches terminées par des fers de lances très pointus pour protéger
les lieux.
________________________________________________________________________________________________ PRÉVENTION DES ACCIDENTS ÉLECTRIQUES
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 5 100 3
La découverte des propriétés de l’électricité statique avec la bouteille
de Leyde, vers 1746, et les expériences de décharge électrique
que propageait le savant abbé Nollet a polarisé pour un temps
l’opinion qui se ruait dans les salons parisiens.
Mais les savants, poursuivant les recherches pour domestiquer la
foudre établirent un rapport entre celle-ci et l’électricité. Il y a deux
siècles, Benjamin Franklin réalisa de nombreuses expériences (le
cerf-volant restant la plus célèbre) ; il adopta le premier la notion
d’isolement électrique de l’opérateur avec des fils de soie, et posa le
principe de la mise à la terre. Cette précaution importante était bien
connue de son contemporain, le professeur Richmann, membre de
l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg qui, répétant des
expériences sur la foudre (celles de Franklin, Buffon, Lemonnier, de
Romas et autres) avait été électrocuté, le 6 août 1753. Par temps
d’orage, se disposant à mesurer les décharges au moyen d’un électromètre
« n’étant plus qu’à un pied du conducteur, un globe de feu
bleuâtre, gros comme le poing, vint le frapper au front et l’étendit
mort ». On peut le considérer comme étant le premier exemple,
attesté scientifiquement, d’accident électrique.
Vers 1790, l’anatomiste italien Galvani entra dans le domaine des
réactions de l’organisme animal au courant électrique avec ses expériences
sur les grenouilles, et Volta, pour réfuter les conclusions du
premier, construisit la première pile électrique qui marque le début
de la nouvelle et grande période de l’électricité.
Les premières études scientifiques sur l’action physiologique du
courant électrique s’engagèrent alors en France et les noms des
chirurgiens des armées impériales Larrey et Bichat y sont attachés,
tandis que le docteur Uré réalisa les premières expériences de
réanimation des électrisés. La voie était ouverte à ces méthodes dont
on connaît l’importance aujourd’hui.
Des recherches sur les effets physiopathologiques du courant
électrique ont été effectuées par de nombreux chercheurs ; parmi
eux, il convient de citer les noms de Dalziel, Ferris, Jacobsen,
Knickerbocker, Koeppen, Sam, Ozypka, Lee... Ces travaux ont porté
sur des animaux vivants dont les réactions peuvent être extrapolées
par rapport à celles de l’homme. Des mesures de résistance ont
également été effectuées sur des cadavres humains peu de temps
après leur décès.
Entre 1970 et 1980, le professeur autrichien Biegelmeier s’est livré
sur lui-même à des mesures de courant et d’impédance sous des
tensions allant de 10 à 220 V, entre différentes parties de son corps
et dans différentes conditions d’humidité. Il a ainsi effectué plus de
600 mesures qui ont permis d’améliorer de façon importante nos
connaissances sur les effets du courant électrique sur le corps
humain. Inutile de préciser que cet homme courageux s’était entouré
de toutes les précautions nécessaires pour éviter tout risque
d’accident ; en particulier, le circuit qui l’alimentait était protégé par
quatre dispositifs différentiels de 30 mA en série, et son assistant
disposait des moyens de réanimation nécessaires.
1.2 Normalisation
En 1969, la Commission électrotechnique internationale décida
d’établir les seuils d’apparition de danger en fonction des divers
paramètres qui agissent toujours en interdépendance étroite (en
particulier le courant i et le temps t avec la charge q = it ), afin
notamment de permettre aux différents comités d’études de fixer
avec précision les règles de sécurité que devaient respecter les
matériels et installations électriques. Il s’agissait, en particulier, de
déterminer les conditions de protection qui devaient permettre aux
dispositifs à courant différentiel résiduel d’assurer une protection
contre les contacts directs en cas de défaillance des autres mesures
de protection.
Cette étude fut confiée par la CEI au groupe de travail no 4 du
Comité d’études 64 – Installations électriques des bâtiments. Ce
groupe de travail, composé de médecins, de physiologistes, d’ingénieurs
de sécurité, publia dès 1974 un premier rapport portant
l’indice 479 et donnant une première approche des dangers du
courant électrique passant par le corps humain ; cette publication
reconnaissait notamment que la probabilité d’apparition des
accidents était très faible dans des circonstances habituelles, à des
tensions inférieures ou égales à 50 V en courant alternatif à 50 Hz
et à 75 V en courant continu.
Ayant rassemblé toute la littérature disponible à ce sujet, le groupe
de travail reprenait ses études d’une façon plus approfondie et une
deuxième édition de la publication 479 était publiée en deux parties,
comprenant six chapitres ; ce rapport donne des informations très
complètes :
— le rapport 479-1, sur les valeurs de l’impédance électrique du
corps humain, sur les effets du courant alternatif de 1,5 à 100 Hz,
sur les effets du courant continu ;
— le rapport 479-2, sur les effets des courants de fréquence
supérieure à 100 Hz, les formes d’onde spéciales, les impulsions de
courte durée.
Le groupe de travail prépare une troisième édition du rapport
479 tenant compte, d’une part, des plus récentes expériences du
professeur Biegelmeier sur lui-même et, d’autre part, de nouvelles
mesures effectuées sur des animaux ; la première partie Aspects
généraux étant publiée.
Nota : pour les réglementations, les normes et les organismes, le lecteur se reportera à
la fiche documentaire [Doc. D 5 100] Pour en savoir plus.
1.3 Statistiques d’accidents électriques
Il n’existe pas, en France, de structure nationale permettant
l’établissement d’une statistique exhaustive sur l’origine des accidents.
Des éléments partiels sont cependant disponibles auprès des
divers organismes intéressés, susceptibles de donner une représentation
assez cohérente ; la principale difficulté est, toutefois, de
discerner les causes premières de ces accidents qui, sauf cas particuliers,
ne sont pas connues avec suffisamment de précisions, et
peuvent également faire l’objet d’interprétations diverses.
1.3.1 Statistiques de l’INSERM
L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale)
recense la plupart des cas mortels. Le tableau A en [Doc. D 5 100]
en récapitule les données.
1.3.2 Statistiques de l’INRS
Ces statistiques de l’INRS (Institut national de recherche et de
sécurité) couvrent le domaine général des accidents du travail. Le
tableau B en [Doc. D 5 100] en récapitule les données.
L’analyse d’une centaine d’accidents sur des installations à basse
tension, sur une quinzaine d’années, montre la répartition qui suit
(INRS ES 325).
Exemples
— Prenons le cas d’une chute d’échelle causée par un choc
électrique : le décès éventuel sera classé sous la rubrique « chutes ».
— Nombreux sont les incendies réputés provenir d’un court-circuit ;
ce qui est certain, c’est que, en cas de feu, des courts-circuits se
produisent ; sont-ils survenus avant ou après le départ du feu ? cela
reste à discerner.
PRÉVENTION DES ACCIDENTS ÉLECTRIQUES ________________________________________________________________________________________________

Emplacement
Ateliers ................................ 45 % Autres ............................. 35 %
Chantiers ............................. 10 % Non précisés .................. 10 %
La majorité des accidents a lieu sur des emplacements autres
que les chantiers. Ce résultat n’est pas surprenant puisque ces
accidents ne tiennent pas compte de ceux survenant avec des
lignes aériennes des domaines à basse tension (BT) ou à haute tension
(HT), qui sont très fréquents sur les chantiers.
Matériel en cause
Canalisations....................... 10 % Armoires, coffrets, prises
Machines............................. 45 % de courant .................. 45 %
Nature du travail
Installation, modification, Autres travaux ............... 1 %
rénovation ....................... 23 % Travaux d’ordre non
Dépannage.......................... 42 % électrique .................... 30 %
Nettoyage............................ 2 % Non précisé .................... 2 %
On constate que les accidents surviennent, dans la majorité des
cas, au cours de dépannages et, souvent, au cours de travaux d’ordre
non électrique.
Qualification du personnel accidenté
Qualification suffisante...... 50 % Qualification sans rapport
Qualification insuffisante... 20 % avec l’accident............ 30 %
Les victimes ont dans leur majorité une qualification suffisante
pour les travaux qui leur ont été fixés.
Conséquences de l’accident
Décès ................................... 32 % Chocs électriques .......... 36 %
Brûlures ............................... 42 %
Nature du contact
Contact direct ..................... 45 % Court-circuit.................... 30 %
Contact indirect .................. 20 % Non précisé .................... 5 %
On constate donc que :
— près de la moitié des accidents est due à des contacts avec
des conducteurs ou pièces nues sous tension ;
— 20 % le sont par suite de défaut d’isolement ;
— le tiers à la suite d’un court-circuit au cours de travaux.
En excluant les défauts d’isolement et en localisant les matériels
sur lesquels ont eu lieu les autres accidents, on trouve que plus de
la moitié des accidents surviennent lors d’interventions dans des
armoires et dans des coffrets (42 %) ou sur de l’appareillage (28 %),
10 % se produisant avec des canalisations.
Travaux sous tension
Nécessaires ......................... 20 % D’ordre non électrique.. 30 %
Non nécessaires ................. 45 % Non précisé .................... 5 %
On voit que près de la moitié des accidents est survenue lors de
travaux où il n’était pas nécessaire de laisser les installations correspondantes
sous tension. Parmi ces derniers, la victime était suffisamment
qualifiée dans plus de la moitié des cas.
Sur la centaine d’accidents analysés précédemment, on s’aperçoit,
par ailleurs, que la proportion des principaux facteurs
déterminants est la suivante :
Installations Travail mal organisé...... 35 %
défectueuses ................... 28 % Ignorance du risque ...... 5 %
Matériel défectueux ........... 4 % Fausse manoeuvre......... 2 %
Matériel inadapté ............... 3 % Mouvement inopiné...... 1 %
Opérateur non qualifié ...... 15 % Non précisé .................... 7 %
Les causes prépondérantes des accidents sont par conséquent,
dans l’ordre d’importance, la mauvaise organisation du travail, les
installations défectueuses et la non-qualification des intervenants.
Si on intègre cette non-qualification dans l’organisation du travail,
on constate que cette dernière est, à elle seule, la cause de la moitié
des accidents.
1.3.3 Statistiques de l’OPPBTP
L’OPPBTP (Organisme professionnel de prévention du bâtiment
et des travaux publics), qui joue le rôle de conseil en matière
d’hygiène, de sécurité et des conditions du travail pour ces professions,
tient à jour des statistiques précisant les causes des accidents
de toute nature. Le tableau E en [Doc. D 5 100] résume la situation
pour plusieurs années.
L’électricité représente 7 à 10 % des décès immédiats rapportés
à la totalité des accidents du BTP, sa gravité est nettement plus élevée,
puisque les décès représentent 35 à 56 % des seuls accidents
de cette nature.
Le tableau D en [Doc. D 5 100] donne l’analyse des causes pour
ces mêmes années. Les précisions de ces statistiques sont intéressantes
en raison des actions de prévention spécifiques qu’elles
induisent.
Pour mieux situer la place particulière du BTP dans l’ensemble
des activités salariées, d’une part, et celle de l’électricité, d’autre
part, il suffit de rappeler que, aux termes d’une enquête de l’OPPBTP
datant de 1989, le BTP représente 21 % des accidents avec arrêt de
travail et 33 % des accidents mortels, tandis que l’électricité, si elle
est la cause de 0,2 % des arrêts de travail en général, et de 0,3 %
dans le BTP, voit sa contribution s’élever, pour les accidents mortels,
à 3,2 % dans le cas général et à 8,3 % dans le BTP. Le BTP représentant
les deux tiers des décès dus à l’électricité par rapport au cas
général, on comprend qu’il reçoive la priorité des préoccupations,
dans cet article.
2. Nature et importance
des accidents d’origine
électrique
2.1 Terminologie
Il convient de rappeler d’abord la terminologie propre aux accidents
d’origine électrique.
L’électrisation désigne tout accident électrique, mortel ou non.
Elle peut se traduire par une simple commotion, qui peut ne pas
avoir de suite, ou, à l’opposé, par un état de fibrillation ventriculaire,
entraînant la mort.
L’électrocution est un accident mortel, dû à l’électricité.
La fibrillation ventriculaire qui peut suivre l’électrisation est un
état transitoire de l’organisme, dit état de mort apparente, qui correspond
à un rythme de fonctionnement anarchique du coeur sous
l’effet du passage d’un courant électrique de faible intensité (de
l’ordre de quelques dizaines de milliampères (figure 1). Ce régime
cardiaque perturbé du coeur peut se prolonger et l’arrêt définitif du
coeur se produire s’il n’y a pas d’intervention extérieure de réanimation
(ventilation artificielle, massage cardiaque) permettant le maintien
de la survie en attendant l’arrivée des secours médicalisés
d’urgence.

Mécanisme de formation des pertes couronne


Quel que soit le mode d’émission, le phénomène fondamental
est toujours la dissociation des atomes en électrons et en ions
positifs. Les charges de signe opposé à celui du conducteur sont
instantanément attirées vers celui-ci et neutralisées, alors que
les charges de même signe sont entraînées vers l’extérieur par
le champ électrique. Comme les électrons s’attachent très rapidement
à des atomes neutres pour former des ions négatifs,
tout se passe, du point de vue de l’électrotechnicien, comme si
le conducteur émettait, sous l’effet du phénomène d’ionisation,
des ions lourds de même polarité que lui.
La migration de ces ions dans le champ électrique est la cause
physique des pertes couronne, l’énergie étant dissipée par frottement
des ions contre les molécules neutres de l’air. Le mouvement
des ions appelle dans les conducteurs, par induction
électrostatique, un courant qui comporte une composante fondamentale
en phase avec la tension ; par cet intermédiaire
s’effectue un transfert d’énergie mécanique en énergie électrique,
de sorte que l’énergie dissipée est finalement fournie sous
forme électrique.Tant que le nombre de points générateurs d’ions est faible, le
champ principal dû aux charges portées par le conducteur n’est pratiquement
pas perturbé. On dit qu’on est en régime de
pertes
localisées ;
le calcul du mouvement individuel et de la perte d’énergie
des charges d’espace est alors possible ; par contre, la quantité
de charges émises est extrêmement fluctuante et dépend considérablement
de l’état de surface du conducteur, de sorte qu’un calcul
exact des pertes est quasi impossible et illusoire. Les pertes sont
d’ailleurs, dans cette zone de fonctionnement, assez faibles pour
que leur influence économique soit négligeable.
Lorsque la tension appliquée s’accroît ou lorsque pluie, brouillard
ou neige multiplient les aspérités du conducteur en déposant sur sa
surface des gouttes d’eau, le nombre d’aigrettes augmente. La
charge d’espace créée devient suffisamment dense pour réagir de
façon sensible sur le champ superficiel. Il se produit alors une sorte
de phénomène de régulation, par lequel le champ électrique superficiel
ne peut pas dépasser une certaine valeur critique, légèrement
supérieure au seuil d’ionisation ; en effet, toute tendance au dépassement
a immédiatement pour conséquence la génération de nouveaux
ions qui tendent à leur tour à limiter la croissance du champ.
Dans ce type de fonctionnement, la quantité de charges d’espace
émises ne dépend plus des caractéristiques propres des sources
d’ions, mais est directement liée au phénomène d’interaction mentionné.
Une description quantitative des mécanismes en jeu, et par
conséquent, un calcul des pertes deviennent alors possibles. Le
régime de formation intense de charges d’espace est appelé
régime
des pertes généralisées ;

Effet couronne sur les réseaux électriques aériens


effet couronne, phénomène aujourd’hui bien connu, se manifeste sous
forme d’une gaine lumineuse bleuâtre qui apparaît autour d’un fil mince,
lorsque celui-ci est porté à un potentiel suffisant. Il rappelle le halo lumineux visible
à la périphérie du soleil, au moment des éclipses, et qui lui a donné son nom.
Du point de vue physique et électrique, ce phénomène est dû à l’ionisation de
l’air, dès que le champ électrique régnant au voisinage immédiat du conducteur
devient suffisant.
Lorsque l’on utilise des conducteurs de plus gros diamètre, comme ceux qui
équipent les lignes aériennes, on constate que la gaine lumineuse évolue en
décharges discrètes que les spécialistes ont coutume d’appeler « aigrettes » ou
« effluves ».
On peut remarquer ici que ce phénomène se manifeste aussi dans des conditions
naturelles, en particulier à l’approche d’un orage : sous l’effet de l’intense
champ électrique généré par les charges électriques du nuage orageux, il se
forme au sommet de toutes les pointes ou aspérités (mâts, paratonnerres, pics
montagneux...) des effluves ou aigrettes, accompagnées d’un crépitement
caractéristique. Les alpinistes connaissent bien ce bruit, qu’ils appellent « bruit
d’abeilles ». Les feux de Saint-Elme, décrits par les anciens navigateurs, n’ont
pas d’autre origine.
Lors de l’effet couronne, l’énergie dissipée est à l’origine de pertes électriques
et les impulsions électriques associées aux aigrettes entraînent des perturbations
radioélectriques.
Par l’analyse des résultats de mesures antérieures sur de nombreux types de
conducteurs, on a mis en évidence l’influence des principaux paramètres régissant
l’amplitude des phénomènes couronne. Dans leur ordre de mise en évi-
1. Aspect physique du phénomène en tension alternative ............... D 4 440 - 4
2. Calcul du champ électrique superficiel des conducteurs............. — 7
3. Méthodes de prédétermination des pertes par effet couronne .. — 9
4. Perturbations radioélectriques dues à l’effet couronne ............... — 13
5. Perturbations radioélectriques dues à l’appareillage de poste
et aux chaînes d’isolateurs .................................................................... — 20
6. Perturbations radioélectriques aux fréquences télévision........... — 22
7. Effet couronne sur les lignes à courant continu ............................. — 22
8. Règles d’établissement de valeurs limites des perturbations ..... — 24
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 440
L’
EFFET COURONNE SUR LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES AÉRIENS ___________________________________________________________________________________
, ce sont : le champ électrique superficiel du conducteur, son diamètre, son
état de surface, la densité de l’air environnant.
Pour l’exploitation du réseau à 380 kV, l’effet couronne devient gênant et le
choix de conducteurs en faisceaux permet d’en limiter les pertes et le champ
perturbateur à des valeurs raisonnablement acceptables.
L’état de surface des conducteurs est un paramètre important par le fait que,
plus il se dégrade, plus les pertes augmentent, et plus le champ perturbateur est
élevé. Parmi les facteurs de dégradation, la pollution végétale ou industrielle,
voire le suintement en surface de la graisse de toronage, jouent un rôle important,
mais malheureusement difficilement maîtrisable. Plus encore, la pluie, en
raison des aspérités que constituent les gouttes d’eau suspendues aux conducteurs,
multiplie le nombre d’aigrettes génératrices de l’effet couronne.
Le code de calcul EFCOR (EFfet CORona), mis au point par EDF pour analyser
la formation des pertes peut être considéré comme un outil remarquable, car il
permet de suivre physiquement le mécanisme des pertes : entre autres performances,
ce code permet de visualiser le mouvement des charges d’espace, et il
est fascinant pour l’esprit d’assister quasi concrètement au ballet des ions qui se
déplacent, s’entrecroisent et se recombinent au rythme du potentiel alternatif du
conducteur. Mais, au-delà de cette satisfaction toute intellectuelle, les méthodes
pratiques dérivées d’EFCOR permettent une prévision plus que satisfaisante au
niveau des pertes sous pluie, précisément dans les conditions où elles sont économiquement
les plus gênantes.
En ce qui concerne les perturbations radioélectriques, les diverses étapes de
la connaissance des mécanismes de leur génération permettent maintenant la
prédétermination du niveau perturbateur d’une ligne en projet. Actuellement,
deux groupes de méthodes se partagent la faveur des spécialistes :
— la méthode comparative, qui se base sur une comparaison directe avec des
lignes témoins de caractéristiques plus ou moins semblables, et cherche à établir
des relations empiriques de passage d’une structure de ligne à l’autre et d’un
champ superficiel à l’autre ;
— la méthode analytique, qui exploite les notions présentées ci-avant, prenant
en compte l’influence de tous les paramètres constructifs d’une ligne, en remontant
jusqu’au phénomène initial de l’aigrette ; cette méthode a donné lieu, également
à EDF, à la mise au point du code de calcul ANALIG (ANAlyse des
LIGnes).
Actuellement, la structure socio-géographique de la plupart des pays d’Europe
de l’Ouest fait que les très hautes tensions (comprises entre 750 et 1 000 kV) ne
seront probablement pas introduites dans un proche avenir (France, République
fédérale d’Allemagne, Grande-Bretagne, Benelux, etc.), sauf dans les pays où
des puissances massives doivent être transportées sur des distances de l’ordre
du millier de kilomètres ; cela est le cas en Suède et le sera peut-être en Italie.
Dans ce dernier pays, notamment, on envisage des transports à des tensions de
1 200 kV, voire de 1 500 kV. Il en est de même dans d’autres pays de vastes
dimensions ou à très forte densité de population (États-Unis, Canada, Russie,
Japon, etc.), où de telles tensions sont prévues et où des réseaux à 750 ou 800 kV
sont déjà exploités. Ce sont donc dans ces pays que se déploient les plus importants
efforts actuels de recherche, centrés sur l’emploi des ultra-hautes tensions.
Enfin, la multiplication des lignes aériennes, nécessitée par le développement
économique, fait apparaître des contraintes de passage et met en évidence des
phénomènes perturbateurs autres que ceux dus à l’effet couronne auxquels on
n’avait jusqu’à présent prêté que peu d’attention. Les contraintes de passage ont
conduit le CISPR (Comité International Spécial pour les Perturbations Radioélectriques)
à élaborer, à la demande de certains pays, des règles de bon voisinage
entre lignes perturbatrices et installations de réception riveraines, sans que toutefois
l’application de ces règles devienne obligatoire. Parmi les phénomènes
perturbateurs à considérer, on mentionnera notamment, outre l’effet couronne

Alternateurs hydrauliques et compensateurs


Technologie de l’alternateur
hydraulique
On peut d’une manière générale classer les alternateurs suivant
leur vitesse :
— les vitesses élevées supérieures à 500 tr/min ;
— les moyennes vitesses comprises entre 150 et 500 tr/min ;
— les basses vitesses inférieures à 150 tr/min.
Nota : pour la structure de l’alternateur hydraulique, le lecteur se reportera, dans ce
traité, à l’article Construction mécanique des machines électriques tournantes [D 3 780].
1.1 Circuit magnétique du stator
Pour les alternateurs hydrauliques, le circuit magnétique se
présente comme une couronne de grand diamètre (de 10 à 20 m dans
les plus grandes unités), d’une hauteur de 1 à 3 m environ, la plupart
du temps à axe vertical. Cette couronne est constituée par un
empilage enchevêtré de segments de tôles magnétiques isolées et
serrées sous une pression de 0,7 à 1,5 MPa entre des plateaux
d’extrémité.
Le diamètre du circuit magnétique étant généralement élevé, entre
l’état froid et le fonctionnement en charge à chaud, la dilatation
radiale atteint couramment plusieurs millimètres ; pour éviter que
cette dilatation ne crée des déformations ou contraintes locales
préjudiciables au bon comportement dans le temps, la technique
d’empilage, de serrage, de liaison entre circuit magnétique et
carcasse et entre carcasse et assises vise à constituer un ensemble
symétrique à dilatation isotrope à faibles contraintes.
Compte tenu des grandes dimensions, le circuit magnétique est
construit sur le site, soit à partir de fractions déjà empilées (par
quarts, par exemple) (figure 1), soit, dans les plus grandes unités,
à partir des segments eux-mêmes complètement empilés en
centrales, ce qui évite tout joint dans la couronne, donc toute
anisotropie dans le comportement.
1.2 Carcasse. Enroulements
Celle des alternateurs hydrauliques remplit un nombre important
de fonctions :
— elle assure la reprise des efforts exercés sur le circuit magnétique
(serrage, poids des parties actives, couples normaux et
accidentels, efforts d’attraction magnétique tournants ou unidirectionnels,
efforts de dilatation) ;
— elle guide l’air vers les réfrigérants ;
— elle permet la manutention du stator ;
— elle participe à la rigidité du support du palier supérieur
lorsqu’il existe, et, par là même, à la stabilité de la ligne d’arbre.
Actuellement, les grandes carcasses sont des pièces mécanosoudées
constituées de flasques plans annulaires entretoisés par des
caissons verticaux (figure 2) ; les éléments sont préparés en ateliers
et les différentes parties, de grandeur maximale compatible avec les
moyens de transport, sont assemblées sur le site par boulonnage
ou par soudure.
Nota : le lecteur pourra se reporter, dans ce traité, aux articles Bobinages des machines
tournantes. Schémas [D 437] et technologie [D 3 420].
À cause de la vitesse réduite des alternateurs hydrauliques, donc
du nombre de pôles élevé, leur enroulement présente, par rapport à
celui des turboalternateurs, la particularité d’avoir un nombre
d’encoches par pôle et par phase faible et rarement entier, généralement
fractionnaire, par exemple de la forme 2 + 4/7 pour une
machine à 28 pôles, conduisant à des schémas de bobinage
beaucoup plus complexes.
La condition d’équilibre des phases impose que :
— le nombre d’encoches soit divisible par le nombre de phases
et par le nombre de parties en parallèle ;
— le dénominateur de la fraction ne soit pas divisible par le
nombre de phases ;

_______________________________________________________________________________________ ALTERNATEURS HYDRAULIQUES ET COMPENSATEURS

— pour le cas général des machines triphasées, le nombre de
pôles étant multiple de 3 a (a = 0, 1 ou 2), le nombre d’encoches doit
être multiple de 3a + 1.
Une conséquence du nombre fractionnaire d’encoches par pôle
et par phase est que la périodicité du champ de réaction d’induit
ne s’établit que sur un nombre élevé de pôles : il en résulte des ondes
de force d’attraction magnétique de période élevée, par exemple
1/4 de circonférence, pouvant conduire par modulation de
l’attraction magnétique entre stator et rotor à des déformations
périodiques engendrant du bruit. Il y a donc lieu de calculer l’importance
de ces ondes spatiales et de respecter certaines règles pour
maintenir les vibrations du circuit magnétique à un niveau
acceptable (dans le traité Mesures et Contrôle, article Vibrations des
structures industrielles [R 3 140]). La réaction d’induit à longue
périodicité est, d’ailleurs, non seulement une source de vibrations,
mais aussi de pertes de puissance dans l’enroulement amortisseur
et à la surface des pôles, dues aux courants induits par les nombreux
harmoniques d’espace non synchrones de la réaction d’induit.
Les tensions utilisées pour les alternateurs hydrauliques sont de
valeurs moindres que celles des grands turboalternateurs, d’une part
parce que les générateurs hydrauliques n’atteignent pas des
puissances aussi élevées que les turboalternateurs (environ 800 MVA
contre 1 700 MVA), d’autre part parce que le grand nombre de pôles
permet un montage en parties parallèles plus nombreuses que dans
les turboalternateurs à 2 ou 4 pôles seulement.
La tension n’est généralement pas rigidement standardisée ; dans
chaque pays on s’efforce de respecter des échelons conseillés de
tension, par exemple en France 3,3 - 5,65 -10,3 -15,5 kV, mais on
choisit assez fréquemment la tension conduisant au prix minimal
de l’ensemble de l’alternateur et de sa liaison au transformateur.
Un ordre de grandeur approché de la tension optimale U (en kV)
d’un alternateur hydraulique est donné par la formule où
S en MVA est la puissance apparente ; par exemple, on a 10 kV
pour 100 MVA.
La permutation Roebel est, généralement, employée pour constituer
les barres de l’enroulement, mais pas universellement, car le
niveau réduit du courant par encoche autorise dans certains cas des
permutations moins parfaites (par exemple, une simple inversion
dans les têtes de bobines) ; ce type de bobinage dit à spires est
surtout utilisé dans les alternateurs de puissance modeste (quelques
dizaines de MVA) à tension relativement élevée, car il permet de
monter plus de 2 barres en série dans l’encoche, sans compliquer
exagérément les connexions frontales.
1.3 Isolation et calage
Les enroulements comportant des anciennes isolations à la
gomme-laque ou à l’asphalte n’existent généralement plus que sur
des machines antérieures à 1955-1960 et sont remplacés, au fur et
à mesure de leur vieillissement (gonflement local de l’isolation,
ionisation interne, etc.), par des enroulements utilisant des résines
synthétiques comme base du système isolant. Les isolations
actuelles sont constituées par un enrubannage continu, le ruban
comportant un support généralement en soie de verre et portant une
couche de mica, soit en splittings, soit en microsplittings, agglomérés
par une résine synthétique généralement époxyde ou
époxyde-novolaque ; la résine peut préimprégner le ruban ou être
injectée dans l’isolation, posée sèche sur la barre. L’isolation subit
un traitement de polymérisation approprié au type de résine utilisé.
La barre est ensuite revêtue de peinture conductrice dans sa partie
droite, pour fixer le potentiel de la surface extérieure, et de peinture
à haute résistivité dans les têtes de bobines, pour répartir
régulièrement le gradient de potentiel et éviter l’ionisation.
La classe d’isolation définit la température maximale à laquelle
l’alternateur peut fonctionner sans risque de dégradation thermique
(classe B : 130 oC, classe F : 155 oC) ; la plupart des isolations synthétiques
modernes sont de la classe F, mais utilisées généralement en
température de classe B par les exploitants qui gardent, ainsi, une
marge de sécurité importante.
Le calage de l’enroulement des alternateurs hydrauliques est
plus simple que celui des turboalternateurs car, d’une part, les
efforts électrodynamiques sont beaucoup plus réduits, d’autre part,
la longueur de l’enroulement hors du fer est nettement plus
courte : les têtes de bobines sont ligaturées sur un ou deux
anneaux d’appui fixés sur la carcasse. La tenue au court-circuit de
l’enroulement est souvent vérifiée au cours de la mise en service
d’un nouvel alternateur.
1.4 Noyaux polaires
Les pôles doivent créer l’induction magnétique et canaliser les
lignes de champ en lui assurant une distribution convenable dans
l’entrefer (figure 3). Ils doivent aussi :
— étouffer les ondes de champ non synchrones et amortir les
oscillations (amortisseur) ;
— présenter le moins de fuites magnétiques possible ;
— respecter, sur les bobines, l’échauffement garanti ;
— soutenir les bobines contre les composantes radiale et
tangentielle de la force centrifuge ;
— résister, par leurs attaches, à leur propre force centrifuge ;
— présenter une rigidité propre, suffisante pour transmettre le
couple moteur depuis la jante jusqu’au niveau de l’entrefer.
La distribution de l’induction magnétique est conditionnée par la
forme de l’épanouissement polaire dont le profil est tracé (figure 4)
en vue de conduire à une répartition la plus proche possible de la
sinusoïde, afin de contenir le moins d’harmoniques de champ
possible donc de minimiser les pertes de puissance dans le circuit
magnétique du stator. On peut noter en passant que ce n’est pas
tellement la garantie du taux d’harmoniques de la forme d’onde de
la force électromotrice (fém), généralement fixé à 5 %, qui
conditionne le profil du pôle, car l’enroulement statorique, ayant
souvent un nombre fractionnaire d’encoches par pôle et phase,
permet d’extraire une onde de tension assez pure à partir d’une onde
de champ polluée d’harmoniques.
Le profil du pôle peut être conditionné, dans quelques cas difficiles,
par les contraintes mécaniques dues à la force centrifuge appliquée
aux bobines polaires qui prennent leur appui sur la face interne de
l’épanouissement.
U = S

ALTERNATEURS HYDRAULIQUES ET COMPENSATEURS ________________________________________________________________________________________

Le noyau polaire est généralement constitué par des tôles
découpées, d’épaisseur comprise entre 1 et 2,5 mm, serrées entre
deux plaques d’extrémité en acier coulé ou forgé, au moyen de
tirants boulonnés, rivés ou soudés sur les plaques polaires ; les tôles
polaires ne sont pas isolées entre elles car le champ principal qui
y règne est constant. Seuls les champs non synchrones parasites
sont variables, mais la faiblesse des fém correspondantes ne justifie
généralement pas une isolation qui est suffisamment assurée par
l’oxydation naturelle des tôles.
Le noyau polaire et sa bobine inductrice sont retenus contre la
force centrifuge par la liaison entre pôle et jante : cette liaison se
fait par vis pour les basses vitesses périphériques (N < 150 tr/min
et diamètre du rotor < 4,5 m), par queue d’aronde ou par clé en T
pour des vitesses supérieures.
1.5 Bobines inductrices. Amortisseurs
L’inducteur des alternateurs hydrauliques n’est pas constitué par
un enroulement à distribution spatiale de la force magnétomotrice
(fmm) voisine de la sinusoïde comme ceux des turboalternateurs,
mais par de simples solénoïdes massés sur chaque pôle (figure 4)
puisque la modulation de l’induction est réalisée par la modulation
de la réluctance d’entrefer, créée par le profil des pôles.
La bobine polaire est constituée par un solénoïde à spires jointives,
formé de conducteurs de cuivre méplats enroulés sur chant, soit par
roulage direct, soit par brasage aux angles. L’isolation entre spires
est faite au moyen de bandes isolantes collées au cuivre, à base de
stratifiés de verre ou polyimide, imprégnées pour permettre l’agglomération
sous pression ; l’isolation entre bobine et corps polaire est
réalisée par deux cadres en stratifié de tissu de verre imprégné et
par une chemise, en isolant stratifié de verre ou Nomex, moulée sur
le noyau polaire.
Le refroidissement des bobines polaires est généralement assuré
uniquement par la ventilation de leur face externe dans l’espace
interpolaire. Cette face a souvent sa surface développée par un profil
spécial du cuivre ou par le décalage de certaines spires afin
d’améliorer le refroidissement. Quelquefois, la bobine est ventilée
également sur sa face interne par aménagement d’un canal d’air
entre bobine et pôle. D’autres systèmes plus perfectionnés encore
existent sur certains alternateurs spéciaux, permettant d’accroître
considérablement la surface de contact avec l’air, par exemple la
ventilation axiale sur les quatre faces dans les groupes bubles (§ 4.1)
ou la ventilation interne par cuivre fraisé à écoulement transversal
où la surface peut être multipliée par plus de dix (figure 5) dans
certains alternateurs ou compensateurs synchrones.
L’épanouissement polaire porte à sa surface l’enroulement
amortisseur : celui-ci est constitué de barres rondes, généralement
en cuivre, quelquefois en alliage cuivreux à résistivité plus élevée,
lorsque cet enroulement sert non seulement à amortir les oscillations
et les ondes de champ non synchrones, mais aussi comme enroulement
de démarrage en moteur asynchrone (compensateurs
synchrones et groupes moteurs-générateurs des stations de
pompage). Les barres de l’amortisseur sont brasées sur des anneaux
de court-circuit à chaque extrémité de la machine ; ces anneaux sont
nécessairement complets quand l’enroulement sert au démarrage,
ils peuvent ne pas être reliés de pôle à pôle (amortisseur à grille)
lorsque l’enroulement ne sert qu’à amortir les oscillations et à réduire
les harmoniques d’ordre élevé. Les contraintes très sévères
appliquées aux amortisseurs pendant les démarrages asynchrones
seront examinées (§ 3.1.3.6).
Pour certains alternateurs rapides ou compensateurs synchrones,
il est judicieux d’utiliser des noyaux polaires entièrement massifs
(figure 4) en acier forgé ou coulé selon les caractéristiques mécaniques
nécessaires ; dans ces cas, il n’est pas prévu d’enroulement
amortisseur car la surface polaire joue elle-même le rôle d’un enroulement
amortisseur continu pouvant notamment assurer le démarrage
asynchrone à condition de prévoir des connexions électriques
convenables de pôle à pôle.

_______________________________________________________________________________________ ALTERNATEURS HYDRAULIQUES ET COMPENSATEURS
C’est la partie du rotor résistant à l’éclatement ; les fonctions et
contraintes imposées à la jante sont :
— résister à la force centrifuge des pôles et à sa propre force
centrifuge, à la vitesse d’emballement, en respectant une contrainte
acceptable dans le métal ;
— assurer la fermeture du champ magnétique d’un pôle à l’autre
sans introduire de saturation ;
— participer si possible à la ventilation radiale de la partie active
de l’alternateur ;
— transmettre le couple moteur normal et résister par inertie aux
couples alternatifs accidentels de court-circuit ou de couplage hors
synchronisme ;
— fournir lorsque nécessaire le complément d’inertie pour assurer
les garanties relatives au fonctionnement du groupe.
La technologie de la jante est fonction de la vitesse de rotation
et des dimensions du rotor.
Pour les vitesses élevées (428 à 1 500 tr/min), l’acier forgé est
souvent utilisé soit sous forme d’un simple renflement de l’arbre
comme pour les turboalternateurs, dans lequel on taille les
logements des attaches de pôles (1 500 tr/min), soit sous forme
d’anneaux montés à chaud sur l’arbre (428 à 1 000 tr/min). La figure 6
montre un rotor à jante en disques forgés de diamètre 3,43 m d’un
alternateur de la centrale de Grand’Maison (8 alternateurs de
170 MVA à 600 tr/min). On peut difficilement dépasser un diamètre
de 4 m dans cette technique.
Pour les basses et moyennes vitesses conduisant à des diamètres
plus importants, la jante est constituée par des segments de tôle de
1 à 3 mm d’épaisseur, couvrant plusieurs pas polaires (2 à 6), empilés
avec chevauchement de un ou un demi-pas polaire d’une couche
à l’autre et reliés entre eux par des goujons traversants, formant ainsi
une chaîne continue résistant à l’éclatement par transmission des
efforts d’une tôle à l’autre. La figure 7 montre les détails de la jante
d’un rotor d’alternateur (4 alternateurs de 200 MVA à 300 tr/min).
Deux théories coexistent au sujet de la transmission de ces efforts.
Lorsque les tôles utilisées sont suffisamment minces (1 mm), et
si aucun évent de ventilation n’est prévu dans la jante, le passage
de la force d’éclatement d’une tôle à l’autre peut être assuré par le
frottement si les tôles sont suffisamment serrées entre elles par les
goujons et si l’on est assuré de la bonne conservation de ce serrage
dans le temps ; dans ce cas, les goujons ne sont pas dimensionnés
par l’effort de cisaillement exercé par les tôles, mais seulement par
l’effort de serrage nécessaire.
Lorsque les tôles sont plus épaisses (2 à 3 mm), et surtout si l’on
prévoit des évents de ventilation, le passage de l’effort d’éclatement
d’une tôle à l’autre excède l’effort transmissible par frottement ; on
est alors conduit à négliger le frottement et à dimensionner les
goujons pour transmettre par cisaillement les efforts d’une tôle à
l’autre ; le serrage n’a plus en ce cas qu’un rôle secondaire. Cette
deuxième théorie est celle employée le plus généralement. Le
schéma d’empilage est alors choisi de manière à annuler la résultante
des moments de flexion sur les goujons, pour éviter le vrillage
de la jante.
Il est intéressant de prévoir le découpage et le chevauchement des
tôles de jante, de manière à ménager dans les espaces interpolaires
des évents périodiques permettant de distribuer uniformément le
débit d’air dans l’alternateur (). Cette construction est impossible
avec des jantes à anneaux massifs en acier forgé, mais, grâce
aux progrès réalisés dans la métallurgie des tôles minces, nous
disposons actuellement de tôles à haute résistance (limite élastique
supérieure ou égale 600 à 700 MPa, par exemple), qui permettent
de réaliser des alternateurs de grande vitesse périphérique et de
mordre sur le domaine anciennement réservé à l’acier forgé. Ainsi,
ces jantes en tôles minces empilées, dont l’usage était anciennement
réservé aux alternateurs à basse vitesse, sont aujourd’hui
indifféremment utilisées pour des alternateurs de 800 MVA à
90 tr /min et de 200 MVA à 375 tr /min et même pour des
compensateurs synchrones de 300 Mvar à 900 tr/min, apportant
leurs avantages de refroidissement uniforme. Il en résulte une telle
amélioration du débit d’air et de sa répartition que les ventilateurs
d’extrémité sont supprimés dans beaucoup de cas, la jante se
comportant elle-même comme un grand ventilateur centrifuge à
action répartie, atténuant considérablement le gradient axial de la
température.